Territoires et Mobilités (TerMob)

Thème 6

Responsable : Sylvia BRUNET

I - Présentation

Ce thème est né de la fusion en 2021 de deux axes de recherche préexistants du CUREJ, « Nouvelles configurations du droit et des territoires » et « Ports et transports ». En partenariat avec le Collège international et interdisciplinaire des sciences territoriales (CIST– CNRS FR2007) et l’Institut du Droit International des Transports, de la logistique et de la mobilité (IDIT) notamment, il poursuit, prolonge et croise les projets et activités menés par les deux axes durant de nombreuses années.

En premier lieu, les notions de territoire et d’espace sont au centre des recherches menées dans le cadre de ce thème. Il s’agit en effet d’étudier les phénomènes divers, d’une part de qualification juridique des espaces – saisis par le droit car objets de réglementations/régulations et de contentieux -, et d’autre part de territorialisation/spatialisation de l’action publique et du droit – saisi par le territoire qui devient, dans certains cas, « force de production juridique » (Jacques Caillosse, 2009) -.

Il en découle une prolifération des espaces d’action et de régulation (hard et soft spaces), à tous les échelons (local, régional, national, trans-national, macro-régional, inter-national et supra-national, européen notamment), avec une mise à mal du binôme classique État-territoire au profit d’autres acteurs, d’autres espaces/territorialités, voire d’autres normativités (soft law).

Cette prolifération rend plus complexe l’analyse des différentes réformes territoriales (fédéralisme, décentralisation, dévolution, régionalisation, intercommunalisation, fusion – des régions, des communes, des intercommunalités… -, différenciation, re-centralisation normative et financière, déconcentration, redéfinition des cantons, redécoupage des circonscriptions électorales…) et des diverses modalités de mise en œuvre du droit dans les territoires (planification territoriale, négociations et stratégies territoriales…).

En second lieu, la diversification des approches du droit des transports et la forte incidence du numérique dans les problématiques juridiques actuelles conduisent le législateur comme la doctrine à substituer au terme « transport » le terme « mobilité », y compris concernant le transport de marchandises. L’approche territorialisée, par la notion de mobilité, permet de tirer plus explicitement de nouveaux curseurs lors de recherches autour des thématiques territoires et transports. 

Notamment, la notion de mobilité mérite une attention particulière, dans la mesure où sa définition reste à trouver. Elle englobe parfois les transports (« formes » ou « modes » de mobilité), mais revêt aussi souvent un sens étroit opposant les nouveaux « services » de mobilité aux services plus traditionnels maillant les territoires. Au-delà, le « droit » à la mobilité ne se limite pas à l’accès matériel aux transports, aux infrastructures et aux services et revêt une dimension solidaire, dans la mesure où les personnes les plus fragiles – que leur vulnérabilité soit territoriale, sociale, économique, numérique ou physique – doivent être accompagnées.

Autres partenaires :

II - Activité - Période 2021-2026

1 - Projets de recherche et actions structurantes

CUREJ :

* Politiques publiques et gouvernance territoriale (22 chercheurs, dir. Sylvia Brunet), WP 6, Recompositions des modes de vie dans des territoires en transitions (REMODEL), projet 2024 de l’université Rouen Normandie pour l’AMI SHS France 2030 de l’ANR, Les évolutions des habitats et des modes de vie. Projet retenu parmi les 17 éligibles, mais ne faisant pas partie des 6 projets sélectionnés en phase finale (réponse négative le 11 décembre 2024).

* Transformation du Code de la route en Code des usages de la rue et de la route, projet commandé et financé par la Coordination interministérielle pour le développement de la marche et de l’usage du vélo auprès de la Ministre chargée des transports, dir. Johann Dechepy-Tellier, Faculté de droit de Rouen/CUREJ, 2019-2022.

CUREJ / CIST :

* PHYTORISK : La connaissance des risques au service de la réduction des Produits PhytoPharmaceutiques et de leurs impacts. Comprendre les risques associés aux produits phytopharmaceutiques pour promouvoir leur réduction, dir. Anne-Sophie Denolle. Demande de financement à l’office Français de la Biodiversité (OFB) en octobre 2025.

PHYTORISK a pour ambition de favoriser les actions et politiques de réduction des produits phytopharmaceutiques (PPP) et de leurs impacts, en améliorant la connaissance des risques et leur appropriation, de la quête des données jusqu’à la prise de décision. Le projet repose sur deux recherches en cours dans la Plaine d’Aunis et la Zone Atelier Plaine & Val de Sèvre mobilisant les parties prenantes pour réduire les risques. Une analyse comparée des méthodes utilisées sera menée en vue d’identifier les processus favorables à l’Information environnementale et à une mise en action responsable des parties prenantes, adaptée aux connaissances disponibles et aux exigences juridiques.

* Analyse des Recompositions de l’Action Publique Territoriale (ARAPT), Projet international pluridisciplinaire co-financé par le CIST, dir. Sylvia Brunet (CUREJ) et Arnaud Brennetot (UMR IDEES), 2018-2023.

Partenaires internationaux : « Spatial Planning & Strategy », TU Delft (Netherlands) ; « Faculty of Geo-Information Science and Earth Observation », University of Twente (Netherlands) ; « Public Governance Institute », Université de Leuven (Belgique) ; « UR Régionalisation et développement régional et urbain », Université de Tunis (Tunisie)…

Publications: 1) Prolifération des territoires et représentations territoriales de l’Union européenne, dir. Sylvia Brunet (CUREJ), Lydia Lebon (SPH Bordeaux) et Yann Richard (Géographie-cités), PURH, Les Dossiers des Annales de Droit, 2019, 274 pages ; 2) Paris Mega Region, Atlas collaboratif, 2021-2022, dir. Arnaud Brennetot (UMR IDEES) ; 3) Population, temps, territoires : Les évolutions territoriales entre résilience et innovation, dir. Sylvia Brunet (CUREJ), PURH, Les Dossiers des Annales de Droit, 185 pages, 2023, 180 pages (cf. infra).

CUREJ / IDIT

* RISKLOG 2 « Risques naturels et supply chain », dir. Cécile Legros (CUREJ/IDIT), en partenariat avec le LERN, le NIMEC, l’IDIT & LSN, 2024-2027.

Projet financé par le FNADT et la région Normandie.

Suite du projet RISKLOG 1 : Management global des risques juridiques industriels au sein de la Supply Chain (2021-2024). Direction scientifique et portage du projet par Cécile Legros (CUREJ), en collaboration avec l’IDIT, le CEREMA, la filière logistique LSN et la Métropole Rouen Normandie, 2021-2023. Voir le rapport ANR : RISKLOG 1. ref. hal-04746206, version 1 (21-10-2024).

* CMR Advisory Council, Groupe de travail international sur l’amélioration de l’interprétation uniforme de la Convention de Genève de 1956 sur le transport international de marchandises par route. Dir. Cécile Legros, depuis 2021. Adoption des statuts 2023. Demande de financement COST (35 partenaires internationaux) en 2022 et 2023 : Rapports positifs mais réponse négative.

Publication en ligne d’une bibliographie mise à jour annuellement relative à la CMR (environ 900 références), édition 2025 https://www.cmr-ac.org/full-bibliography/  

Premier avis consultatif sur la compatibilité entre la CMR et le projet de convention sur le document de cargaison négociable (https://www.cmr-ac.org/opinions/)

Publication : P. Csoklich, T. Eckardt, C. Legros, F.M.G. Smeele) CMR-AC Advice No. 1 – Advice on relation of the Draft Convention on Negotiable Cargo Documents and CMR, Transportrecht, 2025, issue 5, p.145. Réf. HAL : ⟨hal-05108408⟩

Premier avis interprétatif (art. 2.1. Transports superposés), adoption en décembre 2025.

Deuxième avis interprétatif (art. 1er CMR – Champ d’application), janvier 2026.

Publication des travaux préparatoires de la CMR, en 2026.

* C-Freemile – Winning Normandie, Financement européen Marie Curie. Direction d’un projet post doctoral sur les émissions de CO2 et la nécessité d’un cadre réglementaire pour faciliter leur réduction dans les livraisons du dernier kilomètre. Projet déposé par Marta Kolacz (docteure de l’Université Erasmus de Rotterdam) : Logistique efficace et sécurisée / Ambition 2027 : Faire de la Normandie le hub logistique de référence en matière de logistique de demain en intégrant des innovations (blockchain, Big data, robotique, véhicules autonomes) au sein d’un des plus grands bassins de consommation en Europe, 2022-2024.

* Transposition check of Directive 2022/362: Eurovignette pour la DG MOVE. Rapport sur la transposition en France et au Luxembourg de la Directive, 2024.

2 - Manifestations scientifiques n'ayant pas (ou pas encore) donné lieu à des publications

Perspectives 2026 :

* Les territoires périphériques, transfrontaliers et insulaires, Séminaire interdisciplinaire et international, org. Sylvia Brunet, Faculté de droit de Rouen, 10 avril 2026 (date à confirmer).

Dans le cadre du « chantier » lauréat de l’appel du CIST: Pour une recherche “géolégale” : dialogues entre sciences territoriales et juridiques, dir. Mathieu Gigot (Géographie-cités) et Adèle Esposito (Géographie-cités – CNRS). 4 autres séminaires, en 2026-2027, à Paris : La patrimonialisation des espaces urbains et des paysages (14 janvier 2026, 10h00-17h00, université Paris Cité) ; Les questions foncières ; Les questions environnementales ; Séminaire de synthèse (pluralisme juridique, droit en action…).

Ce chantier s’inscrit dans la continuité d’actions déjà initiées préalablement dans le cadre du CIST, par l’axe « Actions & territorialisations » et le projet « Analyse des recompositions de l’action publique territoriale » (ARAPT), en partenariat avec les unités de recherche ART-Dev, CITERES, CUREJ, Géographie-cités, IDEES et Lab’URBA.

* Les usages politiques des droits territoriaux – Approche interdisciplinaire comparée Colombie-Brésil-France, Colloque interdisciplinaire et international, dir. Mélanie Denef  (CUREJ, UMR 5115 LAM) & Sylvia Brunet (CUREJ), Faculté de droit de Rouen, 15 et 16 octobre 2026. Co-financé par l’AMS 2025 de l’Institut des Amériques (IdA).

Il s’agit d’analyser d’abord en quoi la consécration et l’encadrement plus ou moins explicites des « droits territoriaux » en Colombie, au Brésil et en France peuvent déboucher sur des usages politiques des normes juridiques, ensuite à quels sujets collectifs de droit associer le droit au territoire et les droits du territoire, enfin ce que l’on entend par reconnaissance et restitution de droits territoriaux. Le fil directeur est celui de savoir si le processus transitionnel colombien peut être source d’inspiration pour d’autres systèmes juridiques, en termes de reconnaissance du territoire comme personnalité juridique.

Période 2021-2025 :

* Le Mois de la Mobilité, Juin 2025, avec 2 manifestations :

1- Risques et prestations logistiques, Projet RISKLOG 2, Colloque IDIT/CUREJ, dir. Cécile Legros et Iolande Vingiano-Viricel, 20 juin 2025. Supports de présentation : https://risklogsupplychain.wordpress.com/risklog-2/colloque-du-20-juin-2025/

Publication :TRANSIDT, n°85, décembre 2025 (cf. infra).

2– La mobilité : Regards croisés entre juristes et économistes, Animation mensuelle du CUREJ, org. Sébastien Adalid, Antonin Gelblat et Victor Guset, 26 juin 2025.

Programme : « La régionalisation des transports publics de personnes », Nicolas Tran (CUREJ) ; « Le rôle des prix dans la mobilité durable : Leviers tarifaires et report modal », Carine Staropoli (LERN)

* Les défis du droit administratif contemporain : un dialogue entre le Brésil et la France, Conférence organisée par l’USP – Université de São Paulo (Brésil), 6 décembre 2024, avec Sébastien Adalid et Sylvia Brunet (CUREJ)

* Le Mois du Territoire, Novembre 2024, avec 3 manifestations :

1- La question territoriale et ma thèse de doctorat – Regards croisés entre doctorants juristes et gestionnaires, Séminaire/Workshop interdisciplinaire, org. Charles-Edouard Houllier-Guibert (NIMEC) et Sylvia Brunet (CUREJ), Faculté de droit de Rouen, 4 novembre 2024

Programme :

– « La gouvernance de l’attractivité, une compétence de la Communauté d’Agglomération Evreux Portes de Normandie ? », Adrienne Pifarely (NIMEC)

– « L’accompagnement des associations sportives : quels enjeux et modalités pour les territoires ? », Mathieu Jëol (NIMEC)

– « Les rapports de domination entre collectivités territoriales », Clément Laforge (CUREJ)

– « Internationalisation active des territoires : Le rôle des bureaux de représentation des villes à Bruxelles », Emanuele Sala (NIMEC)

– « Un territoire particulier : Le cyberespace », Hippolyte Bernard-Meyer (CUREJ)

– « La garantie constitutionnelle du droit à un environnement sain : étude comparée des systèmes juridiques français et béninois », Jean-Baptiste Idani (CUREJ)

 2- Quelles perspectives pour la décentralisation en France ? – Le temps de l’action après le temps des rapports ? Conférence organisée par Clément Laforge, Sylvia Brunet (CUREJ), Chloé Malo (ENS Rennes, stagiaire CUREJ) & Guillaume Grandin (Directeur des affaires juridiques de la Ville de Rouen, PAU), Faculté de droit de Rouen, 15 novembre 2024

Programme :

– « Présentation synthétique des différents rapports (Cour des comptes, Valence, Woerth, Ravignon, Terram…) », Chloé Malo (ENS Rennes, stagiaire CUREJ)

– « Regard critique », Clément Laforge (Juriste, Doctorant, CUREJ)

– « L’originalité du rapport Woerth en matière d’intercommunalité », Cécile Regourd (Juriste, IDETCOM)

– « Au-delà de la décentralisation : plaidoyer pour la restauration d’une politique d’aménagement du territoire national », Arnaud Brennetot, (Géographe, UMR IDEES)

– Table-ronde : « La décentralisation vue par les acteurs publics de nos territoires », Marie Blondel (Directrice de la délégation régionale du CNFPT), Jean-Marc Magda (DGS de la Ville de Rouen, ancien sous-préfet) et Delphine Leray (DGA du Département de Seine-Maritime).

3- Le droit commun éprouvé : variations juridiques sur les territoires, Journée de rentrée de l’ED Droit-Normandie, Conférence-Débat organisée par Gilles Raoul-Cormeil et Amélie Dionisi-Peyrusse (directeurs de l’EDDN 98), Faculté de droit de Rouen, 22 novembre 2024

Programme :

– « La mise en œuvre de l’article 56 de la Convention européenne des droits de l’Homme », Jean-Manuel Larralde, Professeur des Universités en droit public, Université de Caen ;

– « Droit commun et statuts coutumiers en Outre-Mer », Suzel Ramaciotti, Professeure des Universités en droit privé, Université de Rouen ;

– « Le projet de réforme du corps électoral en Nouvelle-Calédonie », Arnaud Haquet, Professeur des Universités en droit public, Université de Rouen ;

– « Le droit du sol à Mayotte », Amélie Dionisi-Peyrusse, Professeure des Universités en droit privé, Université de Rouen ;

– « Le droit local Alsacien-Mosellan », Kévin Castanier, Maître de Conférences en droit privé, Université de Rouen ;

– « La question corse : vers un statut d’autonomie au sein de la République ? », Sylvia Brunet, Professeure des Universités en droit public, Université de Rouen.

* Séminaire d’exploration du Collège international et interdisciplinaires des sciences territoriales (CIST), co-organisé par Sylvia Brunet (CUREJ, Directrice adjointe du CIST), Collège européen de Cluny, Cluny, 17-18 octobre 2024 : https://cist.cnrs.fr/seminaire-dexploration-du-cist/

* Penser et faire l’Europe à l’échelle locale : une approche par les territoires, Table ronde organisée par Etienne Toureilles (UMR IDEES), Sylvia Brunet (CUREJ) et al., Faculté de droit de Rouen, 20 octobre 2023

* L’organisation territoriale des États – Regards croisés sur différents modèles d’États, Mini-colloque sous forme de dialogues entre étudiants juristes et géographes, organisé par Sylvia Brunet, Faculté de droit de Rouen, 21 mars 2023

* Recompositions idéologiques et transformations de l’action territoriale : entre nouveaux paradigmes et hybridations émergentes, Session du Colloque Transitions, gouvernance territoriale et solidarités, 58ème Colloque de l’Association de Science Régionale De Langue Française (ADSRDLF), organisée par Arnaud Brennetot (UMR IDEES) et Sylvia Brunet (CUREJ), Sciences Po Rennes, 29-30 juin & 1er juillet 2022. Appel à sessions : https://www.asrdlf.org/pdf/PDFeve1578CN1.pdf

* Organisation de 15 conférences (entre 2015 et 2022), dans le cadre du « Cycle (annuel) de conférences de droit public du Master 2 Services et Politiques Publics / CUREJ ». Par exemple : Les défis de la démocratie contemporaine : la leçon brésilienne, par Rafaël Valim, Docteur et maître en droit administratif de l’université catholique de São Paulo (Brésil), Faculté de droit de Rouen, 6 décembre 2022

3 - Publications d'Actes de colloques

Ouvrages ou chapitres d'ouvrages :

* Direito Publico Comparado : um dialogo critico entre Brasil e França, Congrès international sur la démocratie, la gouvernance et les politiques publiques, organisé par l’Escola Superior de Gestao e Contas Publicas et la Cour des comptes de la municipalité de São Paulo, São Paulo (Brésil), 5 décembre 2024, dir. R. Valim et J.-A. da Silva Filho, São Paulo (Brésil), Editora Contracorrente, Direito comparado, à paraître (traduit en portugais) 2026

* VII International Conference on Transport, dir. A. Puetz – membre du CMR Advisory Council- et M.-V. Petit Lavall, Univ. Jaime I Castellón). Publication du colloque : VIII Congreso international de transporte, Benicasim (Espagne), 01/03 octobre 2025, ed. COLEX, à paraître 2026

* Droit(s) et Territoire(s) – Regards croisés des sciences juridiques et territoriales, dir. Patrice Melé (UMR 7324 CITERES), Sylvia Brunet (CUREJ) et al., Journées d’étude pluridisciplinaires, dans le cadre de l’Axe « Actions & territorialisations » et du projet ARAPT du CIST-CNRS FR2007, Campus Condorcet, Paris-Aubervilliers, 8-9 décembre 2022, PUR, Espace et territoires, à paraître 2026, 247 pages (tapuscrit remis à l’éditeur le 11 février 2025)

* « La question de la légalité, de la légitimité et de l’efficacité des cadres territoriaux », Chapitre dir. par Sylvia Brunet, Lydia Lebon & Yann Richard, avec la participation d’Antoine Corre-Basset et Arnaud Haquet (CUREJ), in Clarisse Didelon-Loiseau et Arnaud Brennetot (dir.), Représenter le territoire, CIST, PUR, Espace et territoires, 2024, p. 115-130. Les auteurs de l’ouvrage ont retravaillé les communications et sessions proposées lors du Colloque international du CIST-CNRS FR2007, qui s’est tenu à Rouen du 22 au 24 mars 2018 (Représenter les territoires). Ce chapitre, basé sur deux sessions et une table ronde, est donc le fruit de ce travail.

Précision : les deux sessions et la table ronde avaient déjà fait l’objet d’une publication enrichie dans un ouvrage : Prolifération des territoires et représentations territoriales de l’Union européenne, dir. Sylvia Brunet, Lydia Lebon et Yann Richard, PURH, Les Dossiers des Annales de Droit, 2019, 274 pages.

* Population, temps, territoires : Les évolutions territoriales entre résilience et innovation, dir. Sylvia Brunet (CUREJ), Session du 5ème Colloque du Collège international des sciences territoriales (CIST FR2007), dir. Claude Grasland et France Guérin-Pace, Campus Condorcet, Paris-Aubervilliers, 18-20 novembre 2020, PURH, Les Dossiers des Annales de Droit, 2023, 180 pages

* L’administration locale au Maghreb après les printemps arabes – Algérie, Maroc, Tunisie, Colloque organisé par l’Institut du Monde Arabe, l’Université Paris Descartes (Paris V) et le CUREJ, 10 et 11 janvier 2019, Faculté de droit Paris Descartes, dir. Dominique Desgrées Du Lou et Jean-Philippe Bras, L’Harmattan, Droit des collectivités territoriales, 2023, 290 pages

* Les enjeux de la mobilité interne et internationale, Colloque co-organisé par les Universités de Rouen et du Havre, 5 et 6 novembre 2019, dir. Johan Dechepy-Tellier et Jean-Michel Jude, Institut Francophone pour la Justice et la Démocratie, Colloques & Essais, 2021 [cf. Équipe IJE]

Revues :

* Risques et prestations logistiques, Colloque IDIT/CUREJ, dir. Cécile Legros et Iolande Vingiano-Viricel, 20 juin 2025, TRANSIDT, n°85, décembre 2025

* Uniform Law & CMR, Colloque international, projet CMR Advisory Council, en partenariat avec l’université de Stockholm (Suède), 19 & 20 septembre 2024, European Transport Law, n°2/2025

* Le quarantième anniversaire des Chambres régionales des comptes et la décentralisation, Bulletin juridique des collectivités locales (BJCL) n° 7-8, 2023. Colloque codirigé par Benoît Jean-Antoine (CUREJ), Fabien Bottini (Le Mans) et Didier Michaut (CRC de Normandie), Palais de Justice de Rouen et CRC de Normandie, 22 & 23 juin 2023.

* Du Traité de l’Élysée au Traité d’Aix-la-Chapelle : Quel bilan et quelles perspectives pour la coopération franco-allemande en Europe ?, Projet ELAN et Colloque binational (franco-allemand) et européen, dir. Sylvia Brunet (CUREJ) & Friedrich Germelmann (Institut pour le droit international, Hanovre).

Conférence inaugurale le 22 janvier 2021 et conférence introductive le 7 mai 2021 ; Colloques à la Faculté de droit de Rouen (France) les 6 et 7 mai 2022, et à la Faculté de droit de l’Université Leibniz de Hanovre (Allemagne) les 31 octobre et 1er novembre 2022. Projet soumis à l’ANR, dans le cadre de l’appel à projets franco-allemand en SHS édition 2020, et à l’Université Franco-Allemande – obtention d’un financement de l’UFA -.

Publication : Revue de l’Union européenne (RUE), Dalloz, Numéro spécial n° 664, 6 articles, janvier 2023, puis 11 articles au fil de l’eau, à l’occasion des 60 ans du Traité de l’Élysée.

Janvier 2023 :

1) « Quel bilan et quelles perspectives pour la coopération franco-allemande en Europe ? », Introduction au dossier et à la série d’articles, Sylvia Brunet (Rouen, CUREJ) et Friedrich Germelmann (Hanovre).

2) « Les acteurs et les domaines de la coopération et de l’intégration franco-allemandes », Sylvia Brunet (CUREJ).

3) « Le ‘couple’ franco-allemand et la Politique commune de sécurité et de défense », Philippe Guillot (CUREJ) & Christophe Pajon (Ecole de l’Air et de l’Espace de Salon-de-Provence).

4) « Les limites constitutionnelles françaises et allemandes d’une politique de sécurité et de défense commune », Claus Dieter Classen (Greifswald) .

5) « La coopération économique franco-allemande », Sébastien Adalid (CUREJ).

6) « Les juges constitutionnels allemand et français dans leurs rapports avec la CJUE », Jörg Gundel (Bayreuth).

Au fil de l’eau :

1) « Quelle démocratie pour l’Europe ? Les jurisprudences constitutionnelles française et allemande sur les élections européennes », Antoine Corre-Basset (CUREJ).

2) « Le règlement européen établissant un portail numérique unique, outil de rapprochement des procédures de droit administratif économique ? », Julius Buckler (Bayreuth).

3) « La directive européenne 2019/1023 relative aux cadres de restructuration préventive : Illustration d’un texte franco-allemand », Maud Laroche (CUREJ).

4) « Le nouveau § 48 alinéa 1 phrase 2 GmbHG – un regard franco-allemand sur la réforme de l’assemblée des associés de la GmbH », Vincent Stelzhammer, Doctorant (co-tutelle université de Cologne et université Paris 1 Panthéon-Sorbonne).

5) « L’Assemblée parlementaire franco-allemande, une institution binationale au service de l’Union européenne », Anne Jeannot (Tours).

6) « Le projet mémoriel, citoyen et éducatif des Stolpersteine (Pavés de Mémoire) », Corinne Bouillot (ERIAC, Rouen).

7) « La panacée ultime? Quelques réflexions sur la coopération renforcée au sein de l’UE », Dimitrios Parashu (Hanovre).

8) « La question de la lutte contre les contenus haineux dans le cyberespace en droit de l’Union européenne, illustrée par les droits allemand et français », Hippolyte Bernard (CUREJ).

9) « L’état des lieux des compétences linguistiques mutuelles en France et en Allemagne », Jean-Marc Delagneau (Le Havre).

10) « La crise énergétique – Enjeux pour la politique énergétique française et allemande dans le marché unique », Julius Buckler (Bayreuth).

11) « Quelques Réflexions sur le Futur de l’Europe », Vasco Pereira da Silva (Lisbonne).

4 - Ouvrages collectifs

Le regroupement des collectivités publiques, dir. Michel DEGOFFE, Christophe FARDET et Arnaud HAQUET, Legitech, Droit & Economie, 2022, 284 pages

5 - Valorisation

* CMR Advisory Council :

  • Actualité de la CMR et du CMR-AC: webinaire 11 déc. 2025.
  • Présentation des travaux du groupe de recherche : webinaire 28 nov. 2024.

* RISKLOG (webinaires : https://risklogsupplychain.wordpress.com/) :

  • Identification du risque industriel (N°1 – 30 juin 2022)
  • Identification des obligations légales des prestataires logistiques (N°2 – 10 nov. 2022)
  • Évaluation des responsabilités encourues (N°3 – 16 mars 2023)

* Chroniques

Cécile Legros- Direction de la rubrique annuelle ‘Actualité de la CMR et du CMR Advisory Council’, Revue Transidit (édito et observations décisions CMR)

  • N°78/2023, p. 27 ss. (6 décisions françaises ; 5 décisions étrangères commentées par des membres du CMR-AC)
  • N°81/2024, p. 27 ss. (2 décisions françaises)
  • N°85/2025 (à paraître) (4 décisions françaises ; 1 décision étrangère)

* Revues généralistes grand public

– Rafael Valim et Sylvia Brunet, « La condamnation de Javier Bolsonaro et la capacité de résistance de l’État de droit au Brésil », Le Rubicon, à paraître 2026

– Sylvia Brunet, « Quel statut constitutionnel pour la Corse ? », The Conversation, 13 mars 2025

6 - Expertises

Arnaud Haquet, Antoine Corre-Basset et Sylvia Brunet : Référents déontologues des élus locaux pour le Centre de gestion de Seine-Maritime (76) et la Région Normandie, depuis 2023

Antoine CORRE-BASSET et Sylvia BRUNET : Experts pour l’Université franco-allemande (UFA) ; évaluation de cursus binationaux et trinationaux et de programmes de PhD-Track

7 - Thèses

Soutenues :

* Clément Laforge, Les rapports de domination entre collectivités territoriales, dir. Arnaud Haquet et Julien Thomas, 17 décembre 2024

* Amélie Cracco, Les conséquences du Brexit sur la liberté de circulation des personnes, dir. Vincent Tchen, 16 décembre 2024

* Baptiste Pulby, Le régime de l’obligation in solidum à la dette douanière, dir. Cécile Legros, 26 septembre 2024

* Jean-Baptiste Legendre, La libre administration des collectivités territoriales à l’épreuve de l’obligation d’équilibre budgétaire, dir. Eloi Diarra, 16 décembre 2019

* Elsa Edynak, Le droit international applicable à l’océan Arctique : L’adéquation d’un ensemble juridique complexe à un espace spécifique, dir. Anne-Thida Norodom, 25 juin 2019

En cours :

* Victor Vanier, La cyberdémocratie, dir. Arnaud Haquet, 2018-soutenance en janvier 2026

* Antoine Duthil, Les parcs naturels régionaux, un outil d’action territoriale original, dir. Xavier Braud & Noé Wagener, 2019-

* Nicolas Tran, La régionalisation des transports publics de personnes, dir. Xavier Braud, 2020-

* Hippolyte Bernard-Meyer, La régulation du cyberespace en droit européen, à la lumière des droits français et allemand, co-tutelle Sylvia Brunet (CUREJ) et Friedrich Germelmann (Hanovre, Allemagne), Financement par contrat doctoral d’établissement, ATER, 2021-

* Constance Lange-Gibourdel, La notion de ruralité en droit public, dir. Arnaud Haquet, Financement par contrat doctoral d’établissement, 2023

* Jean-Baptiste Idani, La garantie constitutionnelle du droit à un environnement sain : étude comparée des systèmes juridiques français et béninois, co-direction Sylvia Brunet (CUREJ) et Gérard Aivo (Abomey-Calavi, Bénin), Financement par contrat doctoral d’établissement, 2023-

* Wavethalin Valbrun, Le transport routier de marchandises par véhicule automatisé, Juriste d’entreprise, dir. Cécile Legros, 2023-

* Inoussa Nabollé, La faute qualifiée en droit des transports, dir. Cécile Legros, 2025-

En projet :

* Elsa Annoot, La protection des droits culturels en France, dir. Sylvia Brunet, 2026-

*Marion Houel, La protection juridique des sols, dir. Sylvia Brunet, 2026-

8 - Mémoires de Master 2 primés et publiés

* Guillaume Houël, La territorialité à géométrie variable de l’Union européenne, Mémoire de recherche Master 2 Droit International et Européen, Prix du mémoire 2022 du Réseau ELPIS, publication e-Book Réseau ELPIS, préface Sylvia Brunet, 2022 : http://www.elpisnetwork.eu/master-thesis/

9 - Le coin des doctorants et des mastérants

Octobre 2025 :

Le 22 septembre 2025, journée de reconnaissance de la Palestine par la France à l’ONU, fut marqué par une forte activité des tribunaux administratifs en matière de référé urgent1. Pour cette journée particulière dans le cadre du conflit-israélo palestinien, le premier secrétaire national du parti socialiste, Olivier Faure, avait appelé les maires à pavoiser le drapeau palestinien sur le fronton de leur mairie, aux côtés du drapeau français.
A l’occasion d’un déplacement en Normandie, Bruno Retailleau, alors ministre de l’Intérieur démissionnaire, avait précisé qu’instruction avait été donnée aux préfets de saisir systématiquement les tribunaux administratifs le cas échéant, considérant que seul le drapeau tricolore, emblème national consacré à l’article 2 de la Constitution2, pouvait être apposé sur les mairies. La question se pose toutefois de savoir si cette assertion est exacte, d’autant plus que l’immense majorité des mairies – pour ne pas dire toutes – fait de nos jours flotter le drapeau européen aux côtés du drapeau français. D’autres encore, pour les plus grandes d’entre elles, affichent en outre le blason de leur ville. Dès lors, il semblerait que le drapeau français, s’il dispose bien d’un statut particulier, ne soit pas le seul à pouvoir figurer sur les bâtiments publics.
Pour autant, aucun texte3 ne régit le pavoisement des drapeaux sur ces bâtiments. Aussi surprenant que cela puisse paraitre, le fait de pavoiser le drapeau français sur le fronton des mairies relève de la simple tradition. Ainsi, et à l’exception de certains évènements4, rien n’oblige un maire à apposer le drapeau tricolore sur le bâtiment de sa commune, si ce n’est les protestations qui résulteraient du retrait du drapeau.
Toutefois, la justice a eu l’occasion à plusieurs reprises, notamment récemment, le 22 septembre 2025, de préciser que le pavoisement d’un drapeau étranger sur les mairies, hors des contextes de jumelage ou de réception d’officiels étrangers5, allait à l’encontre de la neutralité des services publics et était par conséquent illégal.
Une exception a néanmoins été admise concernant le drapeau ukrainien, rendant ainsi la jurisprudence en la matière pour le moins incertaine. Il convient alors de s’interroger sur les raisons qui ont poussé le juge administratif à opter pour cette jurisprudence à deux vitesses.
Si le principe de neutralité des services publics a pu être étendu à l’apposition de drapeaux sur les frontons des mairies (I), la position de juge peut varier selon l’opinion véhiculée par le drapeau litigieux (II).

I. La neutralité des services publics, un principe traditionnel appliqué aux bâtiments publics

Le principe de neutralité des agents publics a été étendu à ce que peut laisser paraître le pavoisement de drapeaux étrangers sur le fronton de mairies.

A. Le principe traditionnel : la neutralité des agents publics

La neutralité ne figure pas en tant que telle parmi les principes régissant le service public, les classiques « lois de Rolland » mentionnant les principes de continuité, de mutabilité et d’égalité du service public . Et la notion de service public telle que développée par Léon Duguit repose essentiellement sur le principe d’égalité tel que consacré par l’article 6 de la DDHC6. Le service public vise ainsi à offrir les mêmes prestations à tous, sans distinction entre les destinataires de celles-ci.
Ce principe d’égalité s’impose alors à la personne publique dans toutes ses relations avec les administrés. Afin de consacrer à son niveau cette obligation, le Conseil d’Etat en a fait un principe général du droit7 que doit respecter l’Administration, quelles que puissent être les opinions des bénéficiaires du service.
Cette égalité dans le traitement des administrés ne peut toutefois être complète si l’Administration émet elle-même une opinion. En effet, les agents publics étant censés représenter l’Administration dans son ensemble, la prise de position sur une thématique donnée – ne serait-ce que par un seul agent – pourrait laisser penser que les administrés ayant une opinion différente ne seraient pas traités de manière équitable.
C’est pourquoi, dans une décision du 18 septembre 1986 (n° 86-217 DC), le Conseil constitutionnel a consacré comme corollaire du principe d’égalité le principe de neutralité du service public. De plus, l’article L 121-2 du code général de la fonction publique dispose plus spécifiquement que, « [d]ans l’exercice de ses fonctions, l’agent public […] s’abstient notamment de manifester ses opinions religieuses ». Les opinions politiques ne peuvent pas non plus être exprimées par les agents. Leur devoir de réserve, parfois renforcé8, permet ainsi de garantir l’apparence de la neutralité du service public.
Ce principe de neutralité des agents publics a été étendu à l’apparent parti-pris que peut évoquer le pavoisement de drapeaux étrangers sur le fronton de mairies.

B. Le principe renouvelé : la neutralité apparente

Au premier abord, il peut paraitre étonnant de voir la neutralité des services publics s’appliquer s’agissant des frontons des mairies, les communes étant, pour les plus grandes d’entre elles, dirigées par des personnes éminemment politisées.
Il faut toutefois distinguer le maire, et plus généralement les élus du conseil municipal, dans leur rôle politique, et le bâtiment de la mairie, qui est un bâtiment de l’Administration, et qui se doit donc de respecter les principes qui lui incombent, c’est-à-dire, entre autres, le principe de neutralité.
C’est en se basant sur cette logique que le Conseil d’Etat, dans un arrêt Commune de Sainte-Anne rendu le 27 juillet 2005, a pu considérer que le pavoisement d’un drapeau martiniquais indépendantiste sur le fronton d’une mairie violait le principe de neutralité du service public. Le juge administratif suprême énonce que « le principe de neutralité des services publics s’oppose à ce que soient apposés sur les édifices publics des signes symbolisant la revendication d’opinions politiques, religieuses ou philosophiques ».

II. La neutralité des services publics, un principe renouvelé appliqué partiellement en matière géopolitique

Le principe de neutralité doit s’appliquer s’agissant du drapeau palestinien, mais cède quand il s’agit du drapeau ukrainien.

A. Conflit israélo-palestinien : le principe appliqué, en l’absence de consensus

Dans le cadre du conflit israélo-palestinien, le juge administratif a eu l’occasion à plusieurs reprises, et ce avant le 22 septembre 2025, d’appliquer la jurisprudence précitée, pour les drapeaux tant palestinien9 qu’israélien10. Dans les deux cas, le juge avait repris mot pour mot la formulation de l’arrêt Commune de Sainte-Anne et avait considéré que le pavoisement de l’un ou l’autre drapeau constituait « une prise de position de nature politique au sujet d’un conflit en cours ».
Si la jurisprudence était alors constante concernant ce conflit, certains eurent l’espoir qu’une dérogation puisse être accordée pour la seule journée du 22 septembre 2025, journée de reconnaissance de la Palestine par la France à l’ONU. Dans ce contexte, le pavoisement du drapeau palestinien aurait en effet pu être considéré comme n’étant pas un acte purement politique, mais aussi et surtout comme un soutien à la décision du Président de la République de reconnaitre un tel Etat.
Le juge administratif, ne retient toutefois pas cet argumentaire et se contente d’appliquer le principe énoncé en 2005. Parmi les 20 communes ayant pavoisé le drapeau palestinien sur le fronton de leur mairie, 16 d’entre elles ont vu leur décision suspendue par le juge administratif ; les 4 autres décisions s’étant soldées par un non-lieu, du fait du retrait du drapeau dès le lendemain.
Si l’immense majorité des tribunaux administratifs a repris mot pour mot la formulation du Conseil d’Etat, il est toutefois intéressant de noter que le tribunal administratif de Strasbourg s’est distingué par son explication détaillée de l’application du principe aux faits en cause. Dans son ordonnance de référé (n° 2507861) du 22 septembre, le juge alsacien a en effet considéré que, le Gouvernement n’ayant pas donné de consigne vouée à conférer à la reconnaissance de l’Etat palestinien un écho particulier, la décision du conseil municipal de Strasbourg de pavoiser le drapeau palestinien relevait de l’expression d’une opinion politique, quelle que soit la raison invoquée11. Autrement dit, une consigne gouvernementale claire aurait pu légitimer une telle action sur le plan local.

B. Conflit russo-ukrainien : quand le consensus justifie l’exception au principe

En appliquant strictement le principe de neutralité, le juge administratif veille à ne pas prendre lui-même position sur les conflits internationaux, du fait du caractère particulièrement sensible et complexe de ceux-ci. Le tribunal administratif de Versailles a cependant balayé cette position, dans une décision du 20 décembre 2024 (n° 2208477).
Dans cette ordonnance, le juge des référés considère que le pavoisement d’un drapeau ukrainien sur le fronton d’une mairie ne va pas à l’encontre de la neutralité des services publics, dérogeant ainsi à la jurisprudence établie depuis vingt ans. Pour justifier sa décision, le tribunal retient que le pavoisement du drapeau ukrainien s’inscrit dans le « contexte national de soutien diplomatique, humanitaire et matériel offert à l’Ukraine par l’Etat français », et qu’il a pour but d’exprimer la solidarité de la commune envers une « nation victime d’une agression militaire ». Ici, l’action locale est considérée comme pouvant légitimement relayer l’action nationale, et ce en dehors des compétences communales.
Ce faisant, quoi que l’on puisse penser du fond de la question, qui est éminemment politique, le juge ne statue pas qu’en droit. Sa décision reflète la position de l’opinion publique sur le conflit russo-ukrainien. Contrairement au conflit-israélo palestinien, dont la détermination des rôles d’agresseur et de victime donne lieu à de nombreux débats clivants13, la Russie est désignée par la grande majorité des citoyens et décideurs publics comme ayant attaqué unilatéralement l’Ukraine14.
Dès lors, la position du juge administratif, influencée par l’opinion majoritaire, n’est pas uniquement fondée sur le droit et le principe juridique de neutralité des services publics.
Pour autant, il aurait été intéressant que cette jurisprudence divergente, rendue par un tribunal de première instance sur une question géopolitique sensible, remonte jusqu’au Conseil d’Etat, afin qu’une jurisprudence unifiée, vectrice de sécurité juridique tant pour les maires que pour les administrés, soit clairement adoptée.

Notes :

1 Le référé administratif urgent est une procédure dans laquelle le juge statue dans un délai court. Le référé utilisé dans le cadre du pavoisement des drapeaux étrangers est le référé-suspension, en vertu duquel le juge se prononce dans un délai d’un mois lorsqu’il existe un doute sérieux sur la légalité de la décision (art. L 521-1 CJA).
2 L’article 2 de la Constitution précise que la République française dispose d’un « emblème national » unique, « le drapeau tricolore, bleu, blanc, rouge ».
3 Il existe toutefois une circulaire du ministère de l’intérieur en date du 20 juillet 1920, qui précise que seul le drapeau français peut être arboré sur les édifices publics. Si elle n’a a priori pas été abrogée, le juge administratif semble ne pas prendre en compte son existence dans ses décisions.
4 L’usage veut qu’à l’occasion des cérémonies nationales (14 juillet, 8 mai, 11 novembre, deuil national, …), le drapeau français soit présent sur les bâtiments publics.
5 Dans ces cas, le pavoisement du drapeau du pays de la ville jumelée ou du chef d’Etat étranger est admis.
6 « [La loi] doit être la même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse. Tous les citoyens [sont] égaux à ses yeux […] ».
7 CE, 9 mars 1951, Société des concerts du conservatoire, n° 92004.
8 Il concerne notamment les policiers et gendarmes (art. R 434-12 CSI).
Les conclusions du Commissaire du gouvernement Donnat sous cet arrêt sont particulièrement éclairantes. Il estime que, le fronton d’un bâtiment public représentant ce que l’administré voit en premier lorsqu’il vient solliciter l’Administration, la présence d’un signe politique pourrait laisser penser que l’Administration « entend privilégier les administrés partageant les mêmes idées qu’elle » ; allant ainsi à l’encontre des obligations qui lui incombent.
Cette application de la théorie des apparences, en vertu de laquelle un bâtiment public ne doit pas laisser penser que tous les administrés pourraient ne pas être pas traités de la même manière, vaut également pour le contexte géopolitique actuellement en tension, mais pas dans tous les cas, ce qui brouille le principe.
9 CE, Commune de la Courneuve, 21 juillet 2025, n° 506299.
10 TA Nice, 25 juin 2025, nos 2503174 et 2503369.
11 La décision note que le communiqué de la mairie précisant qu’elle est en faveur de la solution à deux Etats relève d’une opinion politique sur un conflit international en cours, alors même que le maire n’a pas pris position pour l’un ou l’autre des belligérants. La décision aurait sûrement été différente si le conseil municipal s’était inspiré de la ville de Rouen, qui a décidé d’afficher les drapeaux palestinien et israélien ensemble, avec une colombe entre eux. Cette affichage n’a donné lieu à aucun contentieux, mais on peut supposer qu’il ne serait pas jugé contraire à la neutralité des services publics, le conseil municipal de Rouen ne prenant ici position qu’en faveur de la paix, y compris dans l’acte réalisé, et pas seulement dans la communication l’accompagnant.
12 TA Montpellier, 22 septembre 2025, n° 2506787.
Le tribunal administratif de Montpellier a lui aussi développé sa propre argumentation, considérant qu’il ne relevait pas de la compétence des collectivités territoriales « d’intervenir dans les relations extérieures de la France »12. Autrement dit, le problème ne serait ici pas celui de la neutralité, mais une simple question de compétence.
Ces jurisprudences illustrent le fait que la question est controversée et potentiellement explosive. En revanche, tant le dispositif que les motifs sont tout autres s’agissant du drapeau ukrainien, objet d’un consensus général.
13 L’Assemblée nationale a par exemple rejeté la proposition de résolution n° 1082 « condamnant l’institutionnalisation par l’État d’Israël d’un régime d’apartheid consécutif à sa politique coloniale ».
14 L’Assemblée nationale a par exemple adopté une résolution n° 390 affirmant son soutien « à l’Ukraine et condamnant la guerre menée par la Fédération de Russie ».http://www.elpisnetwork.eu/master-thesis/

Principales sources :

Conclusions du commissaire du gouvernement Francis Donnat pour l’arrêt Commune de Sainte-Anne
Question n° 50143, JO du 1er février 2005, p. 1112
Question n°5039, JO du 13 janvier 2003, p. 215
DARRACQ Jean-Baptiste, « Pas de drapeau politique au fronton d’une mairie », AJDA 2006 p.196
VILLENEUVE Pierre, « L’obligation de neutralité s’applique aussi aux frontons des mairies ! », AJ Collectivités Territoriales 2025 p.304